J’ai déjà parlé de notre société vieillissante, et du poids négatif démesuré de la gérontocratie française.
Dans cet article je souhaite parler des jeunes, et fournir une vision positive de la jeunesse comme idéal. C’est l’occasion pour moi de reparler d’un livre qui m’a beaucoup exalté :
Bronze Age Mindset
Marija Gimbutas était une anthropologue et archéologue lithuanienne. Elle est notamment connue pour ses théories sur le peuplement de l’Europe avant l’invasion des Proto-Indo-Européens. Pour Gimbutas, la Vieille Europe était peuplée de fermiers vivants en village, pacifiques, matriarcaux, égalitaires et avec une religion centrée autour d’une déesse mère. Ces sociétés étaient matrilinéaires, il est parfois avancé que ces sociétés primitives ne faisaient pas le lien entre le sexe et la procréation, et donc n’avaient pas de concept de paternité : les enfants étaient élevés collectivement, par les femmes, ou par leur oncle.
Si l’on s’intéresse à leur culte, la figure de la déesse mère est centrale : bien plus de représentations de femmes ont été retrouvées que d’hommes. La plus célèbre est la Venus de Willendorf.
Ces figurines de femmes sont représentées avec des organes reproducteurs exagérés, des membres souvent absents, et le visage est rarement représenté. Outre la référence évidente à la fertilité, l’exégèse de ces figurines donne : indifférenciation, soupe primordiale, collectivisme.
Ont également été retrouvées des figurines représentant des déesses aux serpents, en particulier en Crète. Leur signification n’est pas exactement claire, mais les serpents sont probablement à reprocher également de la fertilité au vu de leur utilisation en ce sens dans le culte dionysiaque grec.
Les villages de cette Vieille Europe étaient sans doute sous le joug de vieilles matriarches.
Pour Bronze Age Pervert en particulier, cette forme primitive de société bridait les jeunes hommes et leur énergie, laquelle était entièrement tournée vers l’agriculture, et soumis à la matriarche :
Youth and beauty are universally hated in almost all human societies in
history. These societies are run by decrepit, sclerotic old men. Sometimes they
use image of fat woman “Earth Mother” to beat the young men over the head
with and make them submit. Other times they promote ugliness in all ways:
ugliness and perversity in custom, scarification, circumcision, self-mutilation.
In the end then the “left” is more correct: the worship of the titanic powers
of the earth, of the Great Mother, is connected to a kind of matriarchy, but where
they’re wrong is in imagining that this leads to any kind of freedom, that it
represents a kind of liberation from the strictures of modern civilization, the pain
of specialization, the submission to moral authority, the modern “alienation,” and
every other thing they like to blame. In fact everything that you hate about
modern life and that makes it into an Iron Prison—and I agree it is a prison—
represents a return of the endless sallow night of matriarchy.
A l’inverse, les sociétés proto-indo-européennes (PIE) qui les ont envahies sont décrites comme belliqueuses, nomades et pastorales, patriarcales… Les PIE vénéraient notamment un dieu père céleste (the sky father en anglais), régulièrement représenté comme vainqueur d’une femme aux serpents (plus bas l’image de Persée vainqueur de Méduse), maitre de la foudre et ou du feu : Dyeus Pater. Il a donné Zeus en grec, Jupiter en latin, Tyr au nord, Dyaus Pitar en hindoue…
Ces peuples étaient principalement des pasteurs et des guerriers, ils ont notamment domestiqué de façon précoce le cheval et utilisaient le chariot, ce qui leur a permis de conquérir la Vieille Europe. Ils y ont installé une aristocratie puissante et régnaient sur la population native asservie.
Les figurines associées retrouvées sont radicalement différentes de la Vieille Europe : la figure emblématique est le Kouros grec, un jeune homme, noble.
Le Kouros est l’opposé de la Venus : différencié, il possède un visage et des attributs, c’est un individu distinct, et les organes reproducteurs ne sont pas exagérés. Ils sont liés au dieu Apollon mais la nature exacte du lien fait débat.
In ancient Greek cities, only the citizens were allowed to lift weights and
work in the gym: slaves were forbidden. It’s no wonder that the robots of
Babylon seek to ban gyms for men in our time.
Beauty is the very rare and precious preserve of tribes that have striven to
promote child-making for something other than financial, social and political
gain. No, the promotion of ugliness is nearly universal and the love of beauty is
so rare: among the great civilizations, only the ancient Greeks, the French, the
Japanese, and somewhat the Italians are true lovers of beauty and refinement,
and have based their existence exclusively on the promotion of beauty. How
many times in history have cultures become ugly and petty because financial
interest overrode eugenics in marriage—and free love, though not perfect, is
somewhat more eugenic than letting fathers trade daughters for personal gain.
En somme, les peuples de la Vieille Europe étaient régis par la matriarchie, ils étaient sédentaires et vénéraient une Déesse Mère de la terre, dans des sociétés égalitaires et pacifiés. Ils ont été conquis par les aristocraties guerrières des Indo-Européens, qui eux étaient nomades et vénéraient le Sky Father, portaient honneur à leurs jeunes hommes (les kouros). Ces peuples guerriers ont fondé les cités-états et les empires que nous connaissons en Europe. Pour BAP, la décrépitude du monde moderne est en fait un retour à l’indifférenciation de la Vieille Europe, en témoigne la montée de la gérontocratie, du féminisme, de la tolérance envers toutes les formes de faiblesse et de décrépitude. A l’inverse, il souhaite le retour vers un esprit plus conforme à celuid es anciens grecs, son idéal, à un esprit tempétueux, passionné (thumos), différencié, et… Juvénile.
This idea very vivid in
Greek! In this the words aiei, meaning forever, and the word aion, both contain
at their root this meaning: of life-span, life-force, youthful strength. These
peoples saw the vigor of youth as the true driving force behind life and behind
all things, forever renewing itself, reincarnating itself anew in each generation in
full force, though the memories of men and of societies may disappear. If you
want the most beautiful poetic expression of this view, you must see in the Iliad
when Homer describes the death of Euphorbus. His death is compared to young
tree in its prime blown down by strong wind. Pythagoras, looking on Euphorbus’
shield in Sicily, broke into tears, remembering that he had been this man.
If you want to understand the true power of aion, of
the eternal youthful energy that is the universe, you must study what remains
from Heraclitus when he uses this word, and how he connects it to the idea of
fire that is the essence of all things and all action. And he is very right when he
says, “The best desire one thing above all, ever-flowing eternal fame among
mortals; but the many glut themselves like cattle.” This is what I believe in!
Voici à quoi nous aspirons :
L’ivresse, l’ébriété des sens, l’énergie vitale débordante de la jeunesse, la flamme de l’Idéal.
Ray Peat et la néoténie
Several years ago, Sidney Fox demonstrated that amino acids placed on a hot volcanic rock spontaneously formed into proteins, and that these proteins had some enzyme-like cata-lytic action. Adding a little water, the proteins spontaneously formed small self-reproducing spheres, just the size of bacteria. One of their enzyme-like actions was the ability to synthesize gene-like chains from suitable precursor molecules.
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The thought that life forms might just sort of gush up out of the earth in volcanic regions makes it all seem too easy; where might it lead if people started believing that life could originate without a struggle for existence?
J’ai déjà parlé de Ray Peat dans mon précédent article sur le lien entre stress et consommation compulsive. Pour rappel, Ray Peat ait à l’origine d’une pensée bioénergétique de l’Homme. Pour résumer très grossièrement, il est souhaitable, pour être en bonne santé, de maximiser le flux d’énergie qui traverse la machine thermodynamique qu’est l’homme.
Je vais m’appuyer sur l’article résumé de mes amis de chez Rage-Culture pour vous expliquer un peu cela :
La notion de structure dissipative provient du physicien Ilya Prigogine. Il nomme “structures dissipatives” des systèmes qui évoluent dans un environnement avec lequel se produisent des échanges d’énergie ou de matière. Ce sont donc des systèmes ouverts qui déjouent la seconde loi de la thermodynamique en se tenant loin de l’équilibre thermodynamique, l’entropie maximale. Ils s’auto-organisent de façon à maximiser le flux d’énergie qui les traverse et cela a pour effet de maximiser la vitesse à laquelle l’énergie se dissipe. La dissipation d’énergie est la perte d’énergie par sa transformation en chaleur lors d’un travail mécanique.
Il y aurait une forme de téléologie de l’évolution de l’univers vers une dissipation d’énergie toujours plus rapide, avec à l’échelle de la vie sur Terre une sélection pour des organismes les plus à même de dissiper une grande quantité d’énergie.
A proposed law of aromorphosis: that the retardation of the flow of energy in living systems tends toward a maximum; in animals, this would imply a trend toward larger-brained, longer-lived, and probably warmer animals, having a higher energy charge.
Pour revenir à l’échelle de l’organisme biologique humain, l’énergie est apportée par ce que nous mangeons, pas les calories, et la dissipation produite par le corps humain est appelée le rythme métabolique, ou plus succintement métabolisme. Toute la “médecine” Ray Peat consiste à augmenter le métabolisme.
Referring specifically to the heart muscle, Szent-Gyorgyi said "function builds structure." Generalized principles of stability will illuminate the life processes in which stimulation produces growth and adaptation. Much of the needed knowledge already exists in a fragmented way.
Pour Ray Peat, un métabolisme élevé est synonyme d’adaptation (“Energy, in an im-portant sense, is prior to information, especially in the context of biology”) : il faut en effet rappeler que dans la thermodynamique, comme le rappel l’article de Rage-Culture, dissiper de l’energie pour une structure dissipative permet de localement baisser l’entropie, ce qui, comme mis en évidence par Shannon, est synonyme d’augmenter l’information. L’énergie permet également une mise en structure, une différenciation.
Les calories sont métabolisées de deux façons différentes :
On remarque que le métabolisme des glucides produit plus d’énergie (l’ATP à le rôle d’énergie dans le corps humain) par molécule consommée, c’est un métabolisme plus efficace et qui est favorisé par le corps humain via le cycle de Randle (il y a compétition entre les deux métabolisme, pour simplifier). Le métabolisme des acides gras peut être vu comme un produit du stress, il est idéal de le minimiser.
Outre le rôle de l’alimentation, Peat identifie des facteurs plus environnementaux pour augmenter le métabolisme :
In therapy and in everyday living we can try to protect and promote our energy-producing and energy-using systems by seeking the stimulation, the conditions of light and temperature, and the foods that are appropriate for our evolutionary level.
Globalement éviter le stress de façon générale, si le stress du cadre dirigeant est évident, il existe des sources de stress physiologique moins connues, comme l’obscurité (le cortisol monte au fur-et-à mesure de la nuit jusqu’au réveil), Peat cite les ondes électro-magnétiques malgré les recherches scientifiques qui ne vont pas en ce sens, ou encore le sport d’endurance, et au contraire pour améliorer le métabolisme, la stimulation intellectuelle et les arts créatifs, l’activité physique dite anaerobique.
Peat et la puberté
Ray Peat cite un autre mécanisme anti-métabolique : la puberté. Ou plus précisément, les hormones de croissance qui déclenche ce phénomène. Dans Generative Energy, Peat commence par souligner le mécanisme de vieillissement, notamment responsable de la diminution de la fertilité avec l’âge chez les femmes, est pour lui un trop fort ratio estrogene/progesterone et/ou acides gras insaturés/vitamine E. Il explique en particulier que pour lui, l’hormone estrogene n’est pas l’hormone féminine mais une hormone du stress, lorsque l’estrogene est trop présent, la respiration cellulaire est altérée.
The thyroid hormone, which governs respiration, is suppressed by estrogen, and by unsaturated fats. The wasteful metabolism of estrogen dominance tends to use up glucose, and is likely to activate the stress hormones, including cortisol. The main features of aging can be produced directly by administering excessive amounts of cortisol.
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The physiology of aging (especially reproductive aging) overlaps the physiology of stress.
Dans le chapitre suivant, il remarque que l’essentiel des gains en longévité des derniers siècles viennent des progrès de l’hygiène qui ont provoqué la chute de la mortalité infantile. Une fois cet effet retenu, l'a longévité n’a progressé que marginalement. Il est même possible que l’esperence de vie des personnes agées ait diminuée du fait de la pollution industrielle.
Il explique ensuite, et c’est ce qui m’intéresse en particulier, que la puberté déclenche le mécanisme du vieillissement.
On observe en effet que la plupart des maladies chroniques qui touchent particulièrement les femmes après la puberté peuvent être traitées en admnistrant des traitements anti-oestrogene comme la progesterone.
Les enfants ont un métabolisme plus élevé que les adultes, et sont généralement en bien meilleure santé. Il existe une forme de téléologie évolutive, l’évolution prend la direction vers des métabolismes plus élevés : on observe au cours de l’Histoire évolutive, le principe de l’aromorphose explicité par Budyko, la tendance vers une plus grande organisation. Plus précisément, l’apparition d’animaux plus élevés est liée à une plus grande énergie disponible dans l’environnement et l’apparition de nouvelles structures qui permettent une activité énergétique plus élevée et des interactions plus complexes avec l’envirronement. Un autre phénomène qui apparaît est la neotenie, c’est-à-dire que le specimen, au cours de son évolution, tend vers l’enfant, et une durée du stade enfantin plus grande. En particulier, l’humain ressemble au bébé chimpanzé.
En d’autres termes, l’enfant est notre future évolutionnaire.
In evolution, the tendency toward dominance of the head (cephalization) in animals overlaps with another tendency (known in plants too) called juvenilization, pedomorphism, or neoteny, in which an early stage of the organism's develop-ment, the juvenile stage, is preserved for longer and longer periods in the descendants, eventually becoming the normal adult type. Baby apes resemble humans, in body proportions and behavior, much more than the adult apes do. The infant represents our evolutionary future.
Peat en déduit ensuite qu’il serait une bonne idée, à l’échelle sociétale, de chercher à délayer la puberté et d’encourager la neotenie, donc chercher à preserver notre stade enfantin et repousser la puberté, car cela améliorerait l’intelligence, la longévité et le pacifisme. Promouvoir une culture de la curiosité, de l’exploration, du ludique, voilà l’idéal pro-métabolique.
L’enfant, avec son métabolisme rapide, possède une ouverture à l’inédit, à l’exploration, une énergie et une créativité débordante, autant de qualité que nous pensons désirable. A contrario, souhaitez-vous être un adulte, un être pacifié et peureux, anxieux et sans intérêt, castré par bien des aspects, sans énergie ?
Further elaboration
And although we live in the most debased of all ages,
it’s still possible, as you will see, to break this Babylon and have the eternal fire
of youth surge you to the heights of power. In your own life you can break their
power and ascend to a chaos of joy and destruction. And in our future I already
see like faint image far on horizon of vast ocean in violet evening—I see the
islands of Hyperborea, on the edge of this Leviathan, where we will be able to
establish new outposts and subdue this great beast from the outside.
L’état relaxé est l’inverse de la torpeur et de la rigidité du cadavre : imaginez-vous un jeune ado, affalé dans une position qui vous donne mal au dos, sur sa chaise, l’air de penser à rien sinon à sa voisine. Flexibilité, ouverture, adaptation.
Notre société est l’exacte inverse de cela : à l’affut, stressée, elle marche en regardant derrière elle si on la suit. Matriarcale et sclérotique, obsédée par la sécurité, soumise à la surveillance et la discipline du troupeau de femmes. La laideur du vestiaire des filles et de ses intrigues, coups bas, mais mené par des vieilles obsédées.
Notre société étouffe de gériatrie, son excédents de vioques provoque une économie de rentiers, qui condamne l’industrie, l’entrepreneuriat, l’iniative et l’innovation. Le gaulois gériatre n’investit que dans la vieille pierre, “bonne terre ne ment point”, sa vieille pierre humide et moisie, son pavillon dans lequel il s’enterre comme une chauve-souris. Une société paliative qui attend la mort en s’y refusant.
Mais parbleu allons-y quoi ! courons tête baissée vers la mort. chevauchons les cheveux aux vents sans souci ni du passé ni de l’avenir. Achevons le rêve automorbide du vieux gaulois, et que l’on fasse pululer la jeunesse.
La reproduction n’est, à mon avis, qu’un magnifique accident. Quiconque copule pour enfanter est un animal difforme, une monstruausité qui n’est le résultat que du stress, de l’anxiété et de la pollution moderne. Les curés comme les gynécos doivent quitter nos couches. Abandonnez-vous au triomphe de l’instant, exercez votre corps, affutez votre esprit, et chaque fois qu’un vieillard se plaindra de sa retraite, rappelez-lui avec un air narquois qu’il suffit de traverser la rue : les entreprises recrutent.
Le futur sera juvénile ou ne sera pas.
Pour Nietzsche, Périclès exalte cette notion en soulignant chez les Athéniens leur “indifférence et leur mépris pour la sécurité, le corps, la vie, le bien-être, leur épouvantable belle-humeur, et la profondeur de leur plaisir dans toutes les destructions, dans toutes les voluptés de la victoire et de la cruauté”
Délicat paradoxe que vous exposez ici entre le jeunisme, compris comme idéologie promouvant la perpétration de l'espèce, du footing dans le parc, et le jeunisme comme vous, comme nous l'entendons, càd, l'exaltation de la vie.
Il est intéressant néanmoins de constater que le bon vieux BAP perce dans les cercles francophones, son podcast est une délicieuse badinerie.
Au plaisir