Le Grand Filtrage 4 : qu’ils mangent de la brioche
PAR P30 · 14/03/2022
Le Grand Filtrage est une “théorie du complot” élaborée par moi-même, elle décrit un processus itératif d’exclusion progressive et contrôlée de pans de plus en plus larges de la population hors de l’économie mesurée. Le Grand Filtrage vise à exclure des circuits économiques certaines populations, alors que l’économie se contracte et se contractera, afin de maintenir les privilèges et les rentes d’élites et décideurs tout en camouflant la contraction économique auprès de leur base servile.
Danger sur la baguette
La Russie envahit l’Ukraine. Le gouvernement instaure le confinement. Panique. Vite, dévaliser les rayons. Premier arrivé, premier servi.
Revenons sur l’Ukraine : vous l’avez sûrement entendu maintenant, l’Ukraine et la Russie sont deux pays très importants pour la production agricole. Blé, maïs, huiles, etc. La Russie est également un pays important dans la production d’énergie : gaz, pétrole. C’est pourquoi le prix de l’essence et diesel s’envole ces jours-ci, les marchés anticipent une chute de l’offre, soit par un embargo, soit par une décision du côté russe de ne plus nous alimenter. Les prix montent, et risquent de continuer à monter. Quelle est la décision la plus rationnelle dans ce cas ?
Faire des stocks, acheter aujourd’hui la consommation de demain, plus on attend, plus le prix augmente. Une inflation existante mais basse soutien la consommation et aide l’économie. Mais lorsque cette inflation s’envole ? La consommation est hyper-stimulée, et vous avez les cassos qui se battent pour du pq. Et la boucle s’auto-alimente, ce comportement nourri la hausse des prix. Rapidement, les rayons sont vides, et ceux qui n’avaient pas anticipé se retrouvent dans une mauvaise posture.
Surtout, nuire
Vous connaissez la devise de la médecine, « surtout ne pas nuire ». Celle de l’Etat pourrait être l’exact inverse. Dans la situation du dessus, l’Etat se retrouvera naturellement pressé d’intervenir. Dans cette situation, la solution usuelle est d’organiser un rationnement, ou un blocage des prix, ce qui revient plus ou moins au même. En effet, les prix élevés peuvent permettre de sortir de la situation en alimentant l’offre : des acteurs économiques sont tentés d’entrer sur le marché, et l’offre augmente. Si vous bloquez les prix, cette offre ne vient pas, et donc il devient économiquement rationnel de consommer maintenant et autant que possible, ce qui alimente la pénurie.
Le rationnement est une alternative, qui marche mieux sur le court terme : chaque consommateur peut consommer autant que l’autre. Mais cela doit être limité dans le temps, car l’offre apparaît généralement lorsqu’il y a perspective de croissance, donc consommation sans entrave. C’est pourquoi les rations tendent à diminuer plutôt qu’augmenter. On peut rationner pendant une guerre, si elle est courte. L’objectif principal doit être la sortie de la pénurie, donc créer l’offre, ou la stimuler.
Rappelez-vous en 2020 : peu de masques. Que fait le gouvernement ? Il bloque les prix. La pénurie est arrivée. Et vous remarquerez que nous manquons de médecins, et que le prix de leur consultation est fixé.
Cela ne veut pas dire que le marché libre est un outil tout-puissant qui vient à bout de n’importe quelle pénurie, mais que la solution apportée par l’Etat est généralement pire. Les libéraux prêtent au marché libre un pouvoir d’omnipotence, alors qu’il n’est que relativement potent, relativement à l’Etat. Pour plus d’informations sur les problèmes de l’économie dirigée, voir les démonstrations de Hayek et Mises.
Rationnement moderne
Mais le ticket-ration c’est has been, dépassé, archaïque. On est en 2022, 2022 ! Et en 2022, on pratique la société de contrôle. En 2022, il y a les gentils, ils ont un qr code, et les méchants, qui n’en ont pas. Ahn c’est beau, et ça existe, Monsieur Attali.
Eh oui, l’Etat l’a déjà expérimenté, et ça a très bien marché, le rationnement au qr code. Quand vous ne possédez pas le précieux sésame, votre consommation est bridée : pas de restaurant, pas de vacance, pas de loisir… Ce qui libère des rations pour les autres (ou baisse les prix, mais cela revient au même). C’est une méthode très commode lorsque vous ne pouvez pas augmenter l’offre (j’ai déjà expliqué pour l’énergie dans mes articles sur le pic pétrolier.) Or, la production agricole risque de souffrir : l’agriculture actuelle, intensive, est basée sur des ressources finies, dont le pétrole, et les engrais et intrants (dont l’Ukraine est un gros fournisseur), et c’est sans parler d’éventuels problèmes liés à un éventuel réchauffement climatique (libre à vous de le nier, mais les ressources restent limitées).
De là, lorsque la nourriture manquera, que faire ?
Rationner tout le monde. C’est faisable, et plutôt simple, créez un compte de ration, « mon-espace-alimentaire.fr », lié à une sorte de carte bleue nationale, et chaque personne est créditée d’une ration par jour. Je vais au point de collecte, et c’est ce compte qui est débité quand je retire ma ration. La taille des rations diminuera dans le temps.
Rationner certains. C’est faisable, avec un permis de consommer exactement comme le pass vaccinal, qui donne accès à une consommation plus élevée. C’est le nombre de personnes qui peuvent détenir ce permis qui diminuera dans le temps, et l’on retrouve mon Grand Filtrage.
Calories vides
Historiquement, la distribution alimentaire se fait plutôt sur la qualité de la nourriture que sur sa quantité, tant que la quantité n’est pas trop basse. La nourriture la plus nutritive était réservée aux nobles, ou du moins la plus réputée (la nutrition est une science qui est encore compliquée aujourd’hui). Le maître d’esclave a besoin de les nourrir, mais pas de bien les nourrir. Au Moyen-Age, la chasse est réservée aux nobles, limitant la quantité de viande que peut avoir un paysan. L’Eglise catholique impose des périodes de jeûne, l’Islam son Ramadan.
Aujourd’hui, de quels aliments fait-on la promotion ? La malbouffe, malgré l’obligation de préciser qu’il faut manger fruits et légumes sous une pub pour Coca, la bouffe industrielle et très transformée, dont la qualité nutritive est faible mais très calorique, et la non-viande (les imitations végétales) ainsi que le véganisme. Le véganisme est présenté comme la solution qui permettra de nourrir des milliards de personnes sans polluer, discours qui me parrait personnellement douteux.
Aujourd’hui déjà, la calorie est répandue, mais le nutriment est gardé. on peut tout à fait imaginer demain un plan de distribution où chacun a accès à un régime caloriquement dense, mais nutritivement pauvre. Ce serait les compléments alimentaires qui seraient rationnés. Le vilain ne mourrait pas de faim, mais de dénutrition. Les carences sont déjà répandues (la vitamine D en hiver pour n’en citer qu’une).
Ils n’ont plus de chips ? Ils n’ont qu’a manger des frites
Jean-Michel Trogneux
Pourquoi autant de polémiques sur la chasse ? Pourquoi autant de polémiques sur l’élevage intensif, ou même l’élevage normal ?
MacVilain
Il n’y a pas que nos assiettes qui évoluent, mais les agriculteurs aussi. Il semblerait que l’Etat voit d’un bon oeil que des entreprises possèdent les terres, ou n’ait plus les moyens de s’y opposer. Le retour du servage est possible, mais cette fois au lieu de labourer pour un chef de guerre, nous labourerons pour des industriels, ce qui risque d’être pire.
A l’heure où les préoccupations tournent autour du paquet de la première dame, autour de l’attitude de Zemmour envers les stagiaires, autour d’une guerre que nous ne ménons pas, il serait intéressant de se poser la question primordiale : comment allons-nous nous nourrir ? De quoi ? Qui produira, et qui mangera ? Ne pas se la poser, c’est laisser d’autres y répondres.
Le Grand Filtrage n’épargnera personne et votre tour viendra.